13 novembre 2019

Pom, pom, pom, pom : la 5ème de Beethoven

épisode 6 | L'Orchestre, mode d'emploi

Partager :

On a tous entendu quelque part et on est tous capables d’en chanter les premières notes en onomatopée, c’est le début de la 5eme symphonie de Beethoven dont on va vous parler dans cet épisode.

Alors pour commencer Beethoven, qui est-ce ?
Beethoven c’est un musicien prodige, un compositeur passionné avec une réputation de colérique, d’insoumis, mais aussi de grand romantique. Il est en Allemagne en 1770 et en 56 années de vie il a composé 9 symphonies, 7 concertos, 32 sonates pour piano, 16 quatuors à cordes, 12 sonates pour piano et violon, 5 sonates pour piano et violoncelle, et un opéra. Un compositeur prolifique donc.

Et quel est donc son style de musique ?
Beethoven s’inscrit dans l’époque classique dans la droite lignée de Haydn et Mozart, mais il infuse dans sa musique des sentiments personnels exaltés ce qui ne se faisait pas vraiment à l’époque et ce qui lui a valu de qualificatif de « romantique ».

Et pourquoi la 5ème Symphonie de Beethoven est-elle aussi connue ?
Ce n’est pas seulement à cause de John Travolta et du film « La fièvre du samedi soir » vous vous souvenez ? Dans les années 1970 un certain Walter Murphy en avait fait un tube disco. Non le fait qu’elle soit si connue en réalité ça tient peut-être à son caractère répétitif. Comme nous l’explique Mathilde Champroux médiatrice culturel à l’opéra de Montpellier.

Benjamin François, auteur et producteur à radio France, nous éclaire : « Sur 7 minutes de musique Beethoven répète constamment la même chose, c’est ces quatre notes les « pa pa pa pa », on les retrouve partout. Il se contente d’un tout petit motif musicalet il développe tout son propos derrière, c’est ce qui la rend aussi très familière c’est que comme elle est très répétitive, ça ressemble à un refrain. Ce petit motif il est mélodique, on peut reconnaitre les notes assez facilement et il est rythmique. Cette manière de commencer la 5ème symphonie, elle peut nous faire songer que nous sommes en pleines révolution, pour ce qui est de l’Europe au niveau de l’histoire. Les guerres Napoléoniennes frappent à la porte de l’empire AustroHongrois. En 1805 Beethoven doit se réfugier dans sa cave pour d’abord se boucher les oreilles, et à cause du canon des français qui fait un potin d’enfer dans le centre de Viennes, mais aussi pour se protéger des bombes. »

Il en est où Beethoven dans sa vie à ce moment-là ?
« Il est au milieu de la trentaine il a une santé qui se dégrade. Notamment à cause de la fameuse surdité qui fait son chemin. Ça va l’isoler, ça il le sait et il en est déjà très triste. Que dire de la création qui a eu lieu à Viennes un 22 décembre 1808, il faisait extrêmement froid ce jour-là à Viennes. On n’avait pas trop chauffé la salle, on imagine que les instruments étaient relativement bas. Et ça a été une catastrophe absolument totale. Parce qu’imaginez qu’à l’époque c’est de la musique toute nouvelle. L’orchestre qui joue cette musique, pour lui c’est de la musique contemporaine. Alors il a répéter, mais n’a pas eu assez de temps, il n’y a eu qu’une seule répétition, les musiciens connaissaient très bien les exigences de Beethoven, donc le « maestro » avait été prié de ne pas assister à la répétition. On l’imagine faisant les 100 pas à l’extérieur de la salle, avec l’interdiction absolue de venir déranger le travail de répétition. Et que se passe-t-il pendant la création ? Il y a des choses qui dérapent, il y a un clarinettiste qui entonne un thème au mauvais endroit. Le maestro se lève, le traite de tous les noms, et lui demande de recommencer au début de sa partie. Voilà l’ambiance de ce concert.  Un an et demi après à la (? 4 :38) c’est là qu’il y a en fait la véritable création, et où l’exécution est vraiment triomphale. Il y a surtout dans la salle un certain Eta Hoffmann, qui écrit une critique dithyrambique sur cette symphonie. Il parle d’empire du colossal et de l’immense.

Et du coté de l’orchestre alors ?
L’orchestre de cette 5eme symphonie est intéressant, c’est un orchestre qui a tendance à s’élargir, à devenir de plus en plus riche. Preuve que le compositeur a besoin de plus de moyen d’expression, et il bute contre quelque chose. Il lui faut de nouveaux instruments. On va voir une flûte picolo (très petite flûte) qui va faire des sons stridents, et également on va voir besoin du contrebasson, donc un basson encore plus profond que le basson normal. Et trois trombones qui viennent argumenter l’orchestre, dont on a besoin dans le final. »

Voici donc le premier mouvement de la symphonie numéro 5 en Ut mineur, opus 67, interprété par l’orchestre national de Montpellier dirigé par David Niemann. C’était en Septembre 2015 à l’Opéra Comédie. 

Extraits musicaux
Ludwig van Beethoven : Symphonie n°5 en ut mineur, opus 67, par l’Orchestre national de Montpellier, direction David Niemann.

2019 © Opéra Orchestre national Montpellier Occitanie — Tous droits réservés

Média : Émissions audio

Artistes

Chloé Kobuta — Studio Cordes Sensibles

production, réalisation, texte, voix off

Opéra Orchestre national Montpellier Occitanie

production déléguée

Valérie Chevalier

directrice de publication

Mathilde Champroux

texte

Steve Mahié

mixage

Romain Roux

enregistrement musical